La toxicité du plomb métallique et de ses composés du fait de l’inhalation de fumées et de poussières ou de l’ingestion de particules expose les travailleurs à des maladies professionnelles à long terme (saturnisme). Le saturnisme professionnel peut entraîner des troubles du système nerveux, une anémie, une insuffisance rénale, une altération de la fertilité, des effets très néfastes sur les fœtus et des risques cancérogènes possibles ou suspectés.
Or, le plomb est un métal rencontré ou utilisé dans de nombreuses applications (démolition et rénovation des bâtiments, métallurgie, batteries, peintures, verres, encres…), ce qui nécessite à la fois des mesures strictes d’hygiène, de prévention collective et individuelle ainsi qu’une surveillance médicale particulière des travailleurs exposés, dans le cadre d’une réglementation exigeante, en particulier respect des valeurs limites d’exposition et changement de poste des femmes enceintes exposées au plomb.
En milieu professionnel, l’absorption est surtout respiratoire, mais également digestive, par ingestion de particules souillant les aliments et par défaut d’hygiène des mains et du visage. Le danger existe donc avant tout lors du dégagement de fumées formées de particules d’oxyde de plomb ou de poussières contenant du plomb.
Les intoxications aiguës sont très peu fréquentes en milieu professionnel et les risques sont ceux d’une intoxication chronique, car la toxicité du plomb est de type cumulatif par fixation sur les globules rouges avant stockage dans l’organisme : dans le foie, les reins, le cerveau, et surtout dans les os, avec une élimination urinaire très lente, de plusieurs mois pour les tissus mous à plusieurs années pour les tissus osseux. L’intoxication au plomb, ou saturnisme, est l’une des plus vieilles maladies professionnelles connues (avec les cancers des suies de ramonage), répertoriée dans le tableau n° 1 du Régime général de la sécurité sociale (affections dues au plomb et à ses composés) et le tableau n° 18 du Régime agricole (maladies causées par le plomb et ses composés).
Les manifestations cliniques graves (coliques au plomb, paralysie des nerfs moteurs par névrite périphérique, etc.) ne s’observent plus dans les conditions de travail actuelles des pays développés. Les effets du plomb sont ainsi devenus plus ténus, mais des pathologies dues à de plus faibles concentrations subsistent : la toxicité sanguine provoque des anémies, la toxicité neurologique provoque des neurasthénies, des anorexies et des troubles de la mémoire et de la concentration intellectuelle, la toxicité rénale des insuffisances d’élimination chroniques.
Le traitement du saturnisme consiste d’abord à supprimer l’exposition au plomb et à attendre l’élimination naturelle de trois à six mois dans les cas légers, ou à entreprendre une élimination forcée du plomb dans les cas plus sévères en recourant à des médicaments chélateurs, qui fixent les ions de plomb en formant un composé non toxique évacué rapidement par les reins dans les urines, mais qui peuvent être mal tolérés.
Enfin, il existe une forte sensibilité aux effets toxiques du plomb chez le fœtus, entraînant pour la femme enceinte exposée au plomb des risques d’avortement, de fausse couche ou de prématurité et un retard du développement psychomoteur et mental de l’enfant. Chez l’homme, l’exposition au plomb est susceptible d’altérer la fertilité.