Le Dauphiné Libéré du 15 juin 2016 rend compte d’un nouvel épisode de la bataille qui oppose le collectif « Du plomb dans l’eau » à la mairie, dirigée par Hervé Mariton. La Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) demande au maire de rendre public la carte des réseaux et canalisations d’eau potable en plomb de la commune dans un délai d’un mois. Le député-maire a annoncé qu’il répondra à la CADA.
En octobre 2015, un bébé de 14 mois de cette commune drômoise a été contaminé au plomb. En cause : la teneur en plomb de l’eau du réseau public qui, dans l’habitation s’élève à 21 μg/L alors que la norme sanitaire autorisée est de 10 μg/L.
L’ARS, alertée par un signalement, se rend sur les lieux et indique que le réseau municipal de distribution d’eau est responsable de cette contamination (d’ailleurs les branchements de l’immeuble avaient été changés en 2001). La mairie effectue des travaux pour modifier le branchement raccordant l’habitation en question. Incident clos ? Pas vraiment. Le père de l’enfant est un militant écologiste de la première heure. Son fils est sorti d’affaire, « mais qu’en est-il des bébé de certains coins de Crest où l’eau atteint des taux de 150 μg/L », déclare-t-il à la presse locale.
Un collectif, « Du plomb dans l’eau » se constitue très vite et publie un site Internet. Une pétition est lancée, qui demande à la mairie de Crest :
– La publication sur son site de la carte des près de 1000 branchements en plomb restant dans le réseau d’eau municipal, indiquant l’historique des changements réalisés ces dernières années.
– L’envoi d’un courrier par la mairie aux foyers desservis par ces branchements en plomb, indiquant les risques encourus et déconseillant aux femmes enceintes et aux jeunes enfants la consommation d’eau du robinet.
– La diffusion régulière d’une campagne de communication via les médias locaux et municipaux informant des risques des branchements en plomb.
– L’adoption et la présentation publique d’un plan d’investissement pluriannuel de changement de ces branchements en plomb dans les meilleurs délais
La CADA est saisie. Dans son avis, elle écrit:
« La Cada estime que le document sollicité contient des informations relatives à l’environnement, relevant par suite du champ d’application de ces dispositions. En réponse à la demande qui lui a été adressée, le maire de Crest a cependant informé la commission qu’il avait refusé de communiquer la carte de l’ensemble du réseau de canalisations de la commune, en estimant que sa communication était susceptible de porter atteinte à la sécurité publique.»
Et la CADA conclut:
« Eu égard au contexte de la demande et dès lors que celle-ci ne porte pas sur l’ensemble du réseau, la commission considère que la communication du document sollicité, s’il existe, ne comporte pas de risque d’atteinte à la sécurité publique. Elle émet donc, sous cette réserve, un avis favorable.»