Cette maladie, provoquée par le plomb chez l’enfant des troubles irréversibles du système nerveux central. Dans les intoxications importantes, elle provoque des retards psychomoteurs qui peuvent laisser des enfants handicapés à vie.
De plus, les fillettes intoxiquées aujourd’hui transmettront la maladie, plus tard, à leurs enfants. En effet, le plomb stocké dans l’os est encore présent à 50 %, 20 ans après l’intoxication, et traverse le placenta durant le premier trimestre de la grossesse. Elle concerne donc, aussi, la prochaine génération.
Le saturnisme touche essentiellement les enfants vivant dans des logements anciens et délabrés. En effet, les peintures à la céruse (sel de plomb), largement utilisées jusqu’en 1948, s’écaillent dans les logements dégradés. Les enfants s’intoxiquent en absorbant les poussières en suspension, ou en ingérant directement les fragments de peinture qui se détachent des murs et qui souillent les aliments.
Depuis le 8 juin 2015, un cas de saturnisme infantile est avéré lorsqu’un enfant est intoxiqué par le plomb à hauteur de 50µg/L de sang.
Dépistage
Dépistage
Chez l’enfant, la symptomatologie est souvent absente ou tardive, et lorsqu’elle existe, elle est non spécifique (symptômes neurologiques et digestifs ainsi qu’anémie). En dehors de l’encéphalopathie saturnine lors d’intoxications sévères (hypertension intracrânienne avec convulsions), on peut observer des céphalées, des troubles de l’humeur, du comportement (hyperactivité), de la motricité, et une baisse des performances scolaires. Les signes digestifs sont variables (douleurs, diarrhée, constipation, manque d’appétit).
Chez les femmes enceintes, le plomb peut augmenter les risques d’avortement, d’hypertension artérielle, de retard de croissance intra-utérine et provoquer une altération du développement cérébral du fœtus.
Le diagnostic repose sur la plombémie. Le dosage doit être réalisé par un laboratoire de référence. En France, un cas de saturnisme est défini par une plombémie ≥ 50 μg/L.
Le dépistage repose sur le repérage des enfants et des femmes enceintes exposés, par une démarche ciblée, prenant en compte des facteurs de risque individuels et environnementaux:
• Séjour dans un logement dégradé datant d’avant 1949 ?
• Écailles de peinture accessibles ?
• Travaux de rénovation dans un lieu de vie de l’enfant ?
• Proximité d’une source d’exposition industrielle ?
• Frère, sœur ou camarade intoxiqué ?
• Population itinérante ?Cette démarche exige des actions conjointes des services publics (services sociaux, hygiène, logement) et de santé (PMI, médecins généralistes, pédiatres, santé scolaire, hôpitaux et administrations de la santé).
Suivi
Suivi
Le système de surveillance du saturnisme est coordonné par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) et repose sur le médecin prescripteur, le laboratoire, le centre antipoison et le médecin inspecteur de santé publique de l’Agence régionale de santé. La fiche de déclaration obligatoire peut être téléchargée sur le site des formulaires en ligne de l’État Ici
Tout enfant atteint doit bénéficier d’une surveillance renforcée du développement neuropsychologique, notamment aux âges clés : 9 et 24 mois, 3-4 ans et 5-6 ans en école maternelle. Le suivi doit être poursuivi au-delà de 6 ans.
Il est recommandé de noter les résultats sur le carnet de santé de l’enfant.Un contrôle de la plombémie doit être effectué régulièrement (tous les 3 à 6 mois) jusqu’à normalisation, et tous les 6 mois à 1 an jusqu’à disparition du ou des facteurs de risque.
Le plomb ingéré ou inhalé est stocké dans les os où sa demi-vie est de 20 ans. Il sera relargué tout au long de la vie, tout spécialement pendant la grossesse durant laquelle le plomb franchit la barrière placentaire. Les petites filles qui s’intoxiquent aujourd’hui intoxiqueront donc leur fœtus quand elles seront enceintes.
Les femmes enceintes exposées au plomb ou intoxiquées dans l’enfance doivent donc être surveillées, avec dosage de la plombémie au quatrième mois de la grossesse.Traitement ?
Il n’existe pas de traitement !
Il n’existe pas de traitements réellement probants, seules quelques mesures de prévention permettent de limiter l’intoxication. Il est souvent conseillé de laver régulièrement les mains et les jouets des enfants, couper les ongles, couvrir les casseroles pendant la cuisson des aliments, passer une serpillière humide plutôt que balayer pour éviter de remuer la poussière, sortir les enfants le plus possible. Ces conseils de bon sens sont dérisoires au regard des conséquences irréversibles de l’intoxication.
Éliminer la source
« Il existe un vaccin contre le saturnisme : le relogement », écrit le professeur Léon Schwartzenberg.
La chélation
Dans les cas d’intoxications importantes, on utilise un traitement chélateur qui permet de diminuer le taux de plomb présent dans le sang et dans les tissus mous ; cette technique mise au point par la marine américaine dans les années 1940 pour traiter l’empoisonnement au plomb touche peu à cet élément déjà stocké dans les os.
Les chélateurs sont des médicaments qui se lient aux métaux lourds dans le sang et qui favorisent ainsi leur élimination par voie rénale ou biliaire.
La chélation n’est pas indiquée dans tous les cas d’intoxication au plomb.
Au dessus de 700 μg/L, la prescription est indiscutable afin d’éviter une encéphalopathie, mais le bénéfice sur le plan intellectuel est mal évalué. Les atteintes du système nerveux risquent d’être irréversibles. L’intérêt de la chélation reste également à évaluer lors d’intoxications chroniques à faibles doses mais sur une période de temps prolongée.
Plusieurs chélateurs sont utilisés pour traiter les intoxications au plomb chez l’homme. Le choix du procédé va dépendre de l’état clinique du patient. Les effets secondaires des produits et leur voie d’administration jouent aussi un rôle important. Il n’y a pas d’unanimité dans la littérature pour privilégier tel ou tel protocole. De plus, les pratiques sont variables d’un pays à l’autre. En France, par exemple, les cures de chélation se font le plus souvent en hospitalisation à domicile sur une période de 5 jours et avec des chélateurs pris par voie orale.
Le contrôle de la plombémie est indispensable. Pour avoir constaté que ce pouvait être le cas, l’AFVS pense que le retour à domicile d’un enfant après chélation dans le logement où il a été intoxiqué est inadmissible.