30 ans après son interdiction définitive en France, la peinture au plomb continue de polluer nos environnements et les risques sanitaires persistent

30 ans après son interdiction définitive en France, la peinture au plomb continue de polluer nos environnements et les risques sanitaires persistent

Communiqué de l’AFVS dans le cadre de la 12e semaine internationale pour la prévention de l’intoxication au plomb organisée du 20 au 26 octobre 2024 par l’Alliance mondiale pour l’élimination des peintures au plomb.

Le plomb est un métal toxique classé par l’OMS parmi les 10 substances chimiques qui posent un problème majeur de santé publique. L’ingestion ou l’inhalation de ce toxique sans seuil mène à une intoxication aiguë ou chronique, le saturnisme. Ses effets sont nombreux et particulièrement nocifs pour les enfants ainsi que pour les femmes enceintes.

Historiquement, le plomb a couramment été utilisé comme composant des peintures, notamment le blanc de plomb aussi appelé céruse. En France, sa production et son utilisation industrielles ont débuté au 19e siècle. La prise de conscience progressive de sa dangerosité a mené à une régulation de plus en plus contraignante de ses usages, notamment en 1949 avec la publication d’un décret interdisant l’usage de la céruse par tous les professionnels du bâtiment. Finalement, cette peinture sera définitivement interdite à la vente et à l’importation en 1993, sonnant ainsi la fin de son utilisation par les non professionnels. En parallèle, la reconnaissance du saturnisme comme problème de santé publique a permis la mise en place d’une législation dense visant sa prévention : devenue maladie à déclaration obligatoire en 1998, l’évaluation du risque de saturnisme est indiquée dans le carnet de santé dès l’examen médical du 9e mois de l’enfant. De plus, la loi de santé publique de 2004 créé des mesures générales de prévention du risque de saturnisme dans l’habitat telles que le CREP (Constat de risque d’exposition au plomb) et des mesures préfectorales d’urgence comme le DRIPP (Diagnostic du Risque d’Intoxication par le Plomb des Peintures).

Pourtant, bien que ces avancées réglementaires et législatives aient incontestablement conduit à en baisser le nombre et la gravité, plusieurs centaines de nouveaux cas de saturnisme infantile continuent d’être déclarés chaque année.

D’une part, ces peintures répandues très largement dans nos environnements (logements, bâtiments publics, monuments historiques) n’en disparaîtront jamais réellement. La plupart, recouvertes, ne présentent pas de danger immédiat. Mais le plomb redevient accessible lors de travaux de rénovation (amateurs ou professionnels) ou dans les logements anciens et dégradés, comme nous le constatons au quotidien chez les familles que nous accompagnons. D’autre part, les outils tels que le CREP sont mal connus ou compris des citoyens et des professionnels, notamment de santé.

Face à ce constat, l’AFVS se mobilise pour une application effective de cette législation ainsi que pour son renforcement. Il importe également que l’ensemble des acteurs de la santé, de la petite enfance, du logement et du travail continuent d’agir ou se ressaisissent de cette problématique de santé publique, toujours d’actualité.

Par ailleurs, rappelons que la peinture au plomb est loin de constituer l’unique source d’intoxication en France : ses usages industriels, passés ou présents, polluent massivement les sols. Dans de nombreux logements, les canalisations en plomb n’ont toujours pas été remplacées ce qui peut contaminer l’eau. De plus, le plomb continue à être utilisé sous bien des formes : batteries au plomb, plombs de chasse, plomb laminé, chromate de plomb employé comme pigment de certaines peintures …

Enfin, nos préoccupations n’ont pas de frontières : une étude scientifique publiée par The Lancet Planetary Health estime que plus de 5 millions d’adultes meurent chaque année dans le monde de maladies cardio-vasculaires provoquées par l’exposition au plomb, principalement dans les pays à faible ou moyen revenu. En 2024, 52 % des pays du monde n’ont pas de réglementation relative à la production, l’importation, la vente et l’utilisation des peintures au plomb. Cette situation internationale est alarmante.

Dans ce contexte, l’AFVS se mobilise pour l’éradication du saturnisme à travers l’accompagnement social et juridique des personnes exposées au plomb. 

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