Le 30 août dernier, un communiqué du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a annoncé la fin officielle de l’utilisation de l’essence au plomb dans le monde. L’Algérie, dernier pays à utiliser encore ce carburant, a en effet cessé de le proposer à la pompe de ses stations service en juillet. Cet événement historique intervient presque un siècle après les débuts de l’utilisation de l’essence au plomb.
Le plomb tétraéthyle a commencé à être ajouté à l’essence en 1922, à l’issue de tests conduits par la marque General Motors. Il a en effet des propriétés anti détonantes : il favorise le bon fonctionnement du moteur à long terme, tout en rendant l’accélération du véhicule plus performante. Cependant, dès les premières années de son utilisation, l’essence au plomb a provoqué des intoxications. Il est désormais prouvé que l’essence au plomb provoque des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des cancers. Elle affecte également le développement du cerveau humain, en particulier chez les enfants. Dans son communiqué, le PNUE précise que l’arrêt de l’essence au plomb permettra de sauver chaque année plus d’1,2 million de vies. Par ailleurs l’utilisation massive de ce carburant a provoqué la contamination de l’air, de la poussière, du sol, de l’eau potable et des cultures pendant près d’un siècle. Les experts de l’ONU ont qualifié l’utilisation de ce carburant, qui a commencé en 1922, de “catastrophe pour l’environnement et la santé publique”.
En France, la substitution totale de l’essence sans plomb à l’essence avec plomb a été actée par un arrêté du 23 décembre 1999. Cet arrêté faisant suite à l’application de la directive européenne de décembre 1998. En 2002, le PNUE a lancé une campagne visant à éliminer le plomb de l’essence, alors que 86 pays l’utilisaient encore. Désormais, plus aucun pays ne l’utilise.
L’Association des Familles Victimes du Saturnisme salue cette décision politique, qui marque une étape importante pour la santé mondiale et notre environnement. Toutefois, nous tenons à rappeler que la fin de l’utilisation du plomb dans les carburants ne marque pas la fin du plomb comme source d’intoxication dans nos quotidiens et qu’il continue à causer des dégâts sur l’environnement et la santé. L’AFVS rappelle également que le plomb est encore largement présent dans les peintures de logements anciens, dans l’eau et dans les sols français. Notre association continue donc sa mission d’accompagnement des personnes concernées par le plomb, et son projet politique d’éliminer à terme le plomb de nos vies.
Dans les mois suivant l’incendie, notre collectif constitué de syndicats et d’associations a alerté sur les dangers du plomb qui a contaminé le site et ses environs. Nous avons posé trois revendications : 1) Le confinement du chantier dans sa globalité et sa décontamination avant travaux, 2) une cartographie détaillée et rigoureusement mise à jour de la pollution
environnementale au plomb, 3) la création, à l’Hôtel Dieu, d’un centre, non pas de dépistage, mais de suivi pour toutes les personnes exposées : pompiers, travailleurs, riverains.
Alors que le plomb est un toxique redoutable, entre autre pour les reins et le système cardio-vasculaire, et surtout neurotoxique, reprotoxique et cancérogène, même à très faible dose, nos revendications sont restées lettre morte.
Alors que depuis l’incendie, nous demandons qu’une cartographie rigoureuse de la pollution soit rendue publique en temps réel, des mesures ne nous ont été communiquées par l’Etablissement Public Chargé de la Conservation et de la Restauration de la Cathédrale Notre Dame de Paris qu’après saisine de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) et seulement en janvier 2021.
Nous avons alors pu constater que du fait de l’absence de confinement et de décontamination, le chantier, ouvert à tous les vents, a entraîné une re-contamination chronique permanente du parvis et du pourtour de Notre Dame avec des moyennes hebdomadaires qui pouvaient, début 2020,
atteindre 60 fois la valeur de référence de 1000 μgm2, qui justifie des opération de nettoyage avant remise en service d’un site pollué. Selon le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), cette valeur de 1000 μgm2
« n’a aucun fondement sanitaire » et aurait dû être abaissée depuis plus de dix ans (Avis du HCSP du 1er février 2021). Sur l’Ile de la cité, aucune décontamination n’a été faite au delà du périmètre de la partie du parvis recouverte d’une résine. Riverains et travailleurs vivent et travaillent toujours sur des espaces pollués.
En juillet 2019, l’ANSES s ‘était prononcé pour un abaissement drastique des normes en vigueur pour les travailleurs. A ce jour, ces préconisations n’ont toujours pas été adoptées comme normes dans le code du Travail, ce qui veut dire une exposition professionnelle au plomb constamment dangereuse pour les travailleurs, qu’il s’agisse du chantier Notre-Dame, des travailleurs du nettoyage, de l’hôtel-Dieu, de la préfecture de Police, des commerçants, des enseignants, etc…
Alors que l’attention des parisiens était accaparée par la pandémie COVID 19, le gouvernement s’est prononcé pour une re-construction de la cathédrale « à l’identique », c’est-à-dire avec du bois et du plomb, en dépit de nombreux avis contraires. Parmi ces derniers, citons le Haut Conseil de la Santé Publique (Avis du HCSP du 1er février 2021), qui s’est prononcé « pour l’interdiction de l’utilisation du plomb laminé », c’est-à-dire le procédé qui consiste à disposer ces feuilles de plomb sur les toitures, comme ce fut le cas sur la toiture et sur la flèche de Notre-Dame. Ces feuilles de plomb se
sont désagrégées en poussière pendant l’incendie le 15 avril 2019. Profondément soucieux du devenir de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui sera toujours exposée à l’avenir à un risque incendie, et de la sécurité de la population parisienne et d’Ile-de-France, nous demandons à ce que l’on s’inspire directement des précédents des cathédrales de Chartres (incendie de 1836), de Strasbourg (incendie de 1870) et de Metz (incendie de 1877) qui ont conduit les pouvoirs publics de l’époque, à trois reprises, à faire le choix d’abandonner les toitures en plomb du fait de leur faible résistance au feu (NB : dans le cas de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les services d’intervention ont témoigné du fait que cette faible résistance au feu, en raison de la présence de 450 tonnes de plomb dans la toiture et la flèche, aurait pu entraîner l’effondrement d’une partie du bâtiment, notamment les deux tours en façade. En effet le point de fusion du plomb est de 327,5 degrés).
Parce que de multiples carences dans la gestion post-incendie à Notre-Dame permettent aux autorités de faire croire qu’il n’y a pas de pollution au plomb sur le site et son pourtour, d’autres chantiers sont engagés dans la même voie, avec les mêmes conséquences probables pour les travailleurs et les riverains, notamment le chantier de peinture de la tour Eiffel, suspendu depuis deux mois, en raison de taux très élevés de contamination au plomb. Nous sommes inquiets pour les travailleurs qui assurent le ponçage des anciennes peintures, et pour les riverains, en particulier les enfants, du fait de la pollution environnementale issue du chantier.
Nous revendiquons :
Contacts :
– Union départementale CGT, Benoît Martin : 06 07 99 46 38
– Association des Familles Victimes du Saturnisme, Mathé Toullier : 06 62 78 59 75
– Association Henri Pézerat, Annie Thébaud-Mony : 06 76 41 83 46
– Union locale CGT du 4e arrondissement, Fréderic Guillo : 06 63 79 90 98
– Collectif parisien du nettoyage CGT, Souleymane Soumarou : 06 75 63 68 55
– Syndicat CGT Préfecture de Police, Fréderic Guillo : 06 63 79 90 98
– Syndicat CGT Hôtel-Dieu, Damien Lamaille & Bruno Wittman : 01 42 34 81 81
Pierre Chemillier nous a quittés le 27 décembre 2020.
Une fois déchargé de ses responsabilités professionnelles, Pierre a rejoint l’AFVS dont il est resté un soutien précieux et indéfectible. Il nous assistait dans les rencontres et, véritable caution, nous a permis d’interpeler bien des responsables. Membre de notre comité de vigilance, il a toujours mis à notre disposition son expertise et sa notoriété, et nous a accompagnés avec bienveillance, simplicité et générosité.
En 2010, il a participé à la rédaction de notre brochure « Lieux contaminés au plomb. Travaux de réhabilitation » et l’a préfacée.
Expert en construction, il l’était, comme en témoigne son activité professionnelle. Ingénieur général des Ponts et Chaussées, il a été chef du service technique à la direction de la Construction du ministère du Logement de 1971 à 1979 ; chargé de mission, puis directeur, puis président du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) de 1979 à 1993, président de la mission interministérielle de l’effet de serre (en 1995) et du Comité d’Orientation Stratégique Bâtiment et Travaux Publics (COS BTP) d’AFNOR de 1994 à 1999, et président de Qualibat de 1999 à 2009.
Nous perdons un ami.
Le Président de la République a opté pour une reconstruction à l’identique de la cathédrale Notre-Dame de Paris, y compris dans le choix des matériaux. Ceci implique l’utilisation de 460 tonnes de plomb (250 tonnes sur la flèche et 210 tonnes sur la toiture).
L’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS), créée en 1998, a pour objet l’éradication du saturnisme qui touche particulièrement les personnes les plus fragiles, à savoir les enfants et les femmes enceintes. L’AFVS a également le souci de préserver la santé des travailleurs amenés à travailler le plomb, métal hautement toxique. Depuis l’incendie de la cathédrale, l’AFVS s’est employée à alerter opinion et décideurs publics sur les risques liés à l’emploi du plomb dans la reconstruction de la cathédrale.
A la demande de l’AFVS, relayée par la conseillère Danielle SIMONNET (LFI), le Conseil de la ville de Paris a adopté, le 24 juillet dernier, un vœu « relatif aux risques de santé et de sécurité liés à l’utilisation du plomb pour la reconstruction de la cathédrale Notre Dame de Paris ».
Le Conseil de Paris a émis le vœu que la Maire de Paris :
« – interpelle le gouvernement et le Président de la République pour l’utilisation d’un matériau autre que le plomb, en tenant compte des risques sanitaires et du principe de précaution, pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris,
– demande que soient saisies les autorités sanitaires afin de recueillir leur avis sur les risques sanitaires présentés en cas de nouvel incendie, par les matériaux utilisés dans la reconstruction de Notre-Dame de Paris, et que notamment l’INRS ainsi que l’ANSES soient consultés,
– demande au gouvernement que la Ville de Paris soit consultée sur les matériaux et les étapes du chantier de reconstruction-rénovation de la Cathédrale Notre-Dame. »
Ce vœu a le mérite d’opérer un nécessaire recadrage en prenant appui sur deux impératifs majeurs : la santé publique et la sécurité même de la cathédrale en cas de nouvel incendie.
En effet, on a vu fleurir dans la presse des déclarations de plusieurs responsables, en charge de la reconstruction de la cathédrale, minimisant l’existence même d’une contamination au plomb suite à l’incendie de l’édifice. Et que dire des propos tenus par le Préfet de police allant jusqu’à dire « qu’à moins de lécher les trottoirs », il n’y aurait aucun risque.
Sur les 460 tonnes de plomb que contenaient la toiture et la flèche, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) a estimé que 150 kg ont été vaporisés dans l’air, où ce métal lourd, très nocif au développement cérébral des enfants, a été détecté jusqu’à 50 km de la cathédrale. A cette distance, des teneurs atmosphériques 20 fois supérieures à la normale ont ainsi été observées au cours de la semaine suivant l’incendie.
Mais ces dépôts seraient bien plus élevés, suggère une étudemenée par des chercheurs de l’université Columbia de New-York et publiée jeudi 9 juillet dans GeoHealth, revue de l’Union américaine de géophysique (AGU). Au lieu de 150 kg de plomb, les chercheurs estiment qu’au moins une tonne s’est déposée sur Paris.
Le rapport de l’Agence nationale de Sécurité Environnementale et Sanitaire (ANSES), de juillet 2019, intitulé “Valeurs biologiques d’exposition en milieu professionnel – Le plomb et ses composés inorganiques” souligne que le plomb est toxique quelle que soit la quantité et qu’il n’y a donc pas de seuil où commence la dangerosité de l’exposition au plomb.
Dans un récent article du Monde, l’architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve, témoignait de son exaspération suite à la décision de l’Inspection du travail, à l’été 2019, de suspendre le chantier afin de faire enfin appliquer la réglementation relative à la protection des travailleurs contre le risque de saturnisme, maladie professionnelle reconnue depuis 1919. Or, si depuis cette date aucune plombémie n’aurait révélé d’intoxication au plomb sur le chantier, il y a tout lieu de penser que les mesures préconisées par l’Inspection du travail n’y sont pas étrangères.
De plus, nous constatons qu’il n’est jamais fait référence ni dans les préconisations des responsables du chantier ni dans la décision du Président de la République, aux précédents incendies de cathédrales en France, qui ont amené à renoncer à plusieurs reprises à l’usage du plomb pour refaire les toitures de ces édifices incendiés.
Ainsi, après l’incendie de sa toiture en plomb en 1836, la toiture de la cathédrale de Chartres a été reconstruite en cuivre, notamment parce que la température de fusion du cuivre est beaucoup plus élevée (1085°C) que celle du plomb (327°C) et que le gouvernement de l’époque souhaitait « réparer et prévenir ». Cette décision de ne pas reconstruire la cathédrale de Chartres « à l’identique » n’a pas réellement porté atteinte à ce chef d’œuvre de l’art médiéval puisque cet édifice est considéré aujourd’hui comme la plus belle cathédrale de France et a été la première à avoir été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979.donner les toitures en plomb au profit des toitures en cuivre : cela a été le cas pour les reconstructions des cathédrales de Strasbourg
A deux reprises encore, il a été décidé d’abandonner les toitures en plomb au profit des toitures en cuivre : cela a été le cas pour les reconstructions des cathédrales de Strasbourg et de Metz. N’y aurait-il aucune leçon à tirer de ces précédents historiques ?
L’AFVS souhaite vivement que la raison, les principes de précaution et de prévention, le sens des responsabilités quant aux enjeux de santé publique et de sécurité de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en cas de nouvel incendie, que l’on ne saurait malheureusement exclure a priori, finissent par l’emporter sur toutes autres considérations.
Mathé Toullier,
Présidente de l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS)
Publié le 28 juillet 2020
UNICEF et Pure Earth demandent que des mesures soient prises d’urgence pour abolir les pratiques dangereuses, y compris le recyclage informel des batteries au plomb.
NEW YORK, le 30 juillet 2020 – L’intoxication au plomb touche une proportion d’enfants très importante et inconnue jusqu’alors, d’après un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’UNICEF et Pure Earth.
Ce rapport, le premier de ce genre, indique qu’environ un enfant sur trois – soit jusqu’à 800 millions d’enfants dans le monde – a un taux de plomb dans le sang supérieur ou égal à 5 microgrammes par décilitre (µg/dl), le niveau à partir duquel il est nécessaire d’intervenir. Près de la moitié de ces enfants vivent en Asie du Sud.
« Avec peu de symptômes précoces, le plomb cause silencieusement des ravages sur la santé et le développement des enfants et peut avoir des conséquences mortelles », explique Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF. « Connaître l’étendue de la pollution au plomb et comprendre les dégâts qu’elle cause dans la vie des individus et des communautés doit inciter à intervenir d’urgence pour protéger les enfants une bonne fois pour toutes. »
Le rapport, intitulé The Toxic Truth: Children’s exposure to lead pollution undermines a generation of potential (La vérité toxique : l’exposition des enfants à la pollution au plomb sape le potentiel d’une génération), est une analyse menée par l’Institute of Health Metrics Evaluation (IHME) et confirmée par une étude dont la parution dans la revue Environmental Health Perspectives a été approuvée.
Les
auteurs du rapport notent que le plomb est une puissante neurotoxine
qui cause des dégâts irréversibles au cerveau des enfants. Il a des
effets particulièrement dévastateurs chez les nourrissons et les enfants
de moins de 5 ans, car il endommage leur cerveau avant que celui-ci ait
pu se développer complètement, entraînant ainsi des déficiences
neurologiques, cognitives et physiques irréversibles.
Des liens
ont également été établis entre l’exposition au plomb des enfants et des
troubles de santé mentale et de comportement et une hausse des actes
criminels et de la violence. Les enfants plus âgés subissent de graves
conséquences, dont un risque accru de lésions rénales et de maladies
cardiovasculaires ultérieures, peut-on lire dans le rapport.
D’après les estimations, l’exposition des enfants au plomb coûterait aux pays à revenu faible ou intermédiaire près de 851 milliards d’euros en raison de la perte de potentiel économique de ces enfants tout au long de leur vie.
Il est noté dans le rapport que le recyclage informel ou non conforme aux normes des batteries au plomb est une cause majeure de l’intoxication au plomb des enfants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où le nombre de véhicules automobiles a été multiplié par trois depuis 2000. Du fait de cette hausse et du manque de réglementation et d’infrastructure de recyclage des batteries de véhicules, jusqu’à 50 % des batteries au plomb sont recyclées dans l’économie informelle dans des conditions dangereuses.
Les employés de petites entreprises de recyclage dangereuses et souvent illégales ouvrent les boîtiers de batterie de force, déversent l’acide et la poussière de plomb sur le sol et font fondre le plomb ainsi récupéré dans des fourneaux sommaires à ciel ouvert qui émettent des fumées toxiques pour les habitants des quartiers environnants. Les employés et les habitants ne savent souvent pas que le plomb est une puissante neurotoxine.
Les sources d’exposition au plomb des enfants sont nombreuses. Il peut notamment être présent dans l’eau parcourant des canalisations en plomb, provenir d’activités industrielles comme l’extraction minière et le recyclage de batteries et se trouver dans des peintures et des pigments à base de plomb, dans l’essence au plomb (bien que l’utilisation de ce type d’essence ait considérablement diminué ces dernières décennies après avoir auparavant été une source importante de contamination), ainsi que dans les soudures de boîtes de conserve et dans les épices, les cosmétiques, les médicaments ayurvédiques, les jouets et d’autres produits de grande consommation. Les parents qui manient du plomb dans leur travail rapportent souvent à leur domicile de la poussière de ce métal sur leurs vêtements, leurs mains et leurs chaussures, ainsi que dans leurs cheveux, exposant ainsi sans le vouloir leurs enfants à cet élément toxique.
« Heureusement, le plomb peut être recyclé en toute sécurité sans exposer les travailleurs, leurs enfants et les quartiers environnants. Les lieux contaminés peuvent être assainis et remis en état », explique Richard Fuller, Président de Pure Earth. « Les gens peuvent être informés des dangers du plomb et on peut leur donner les moyens de se protéger et de protéger leurs enfants. Le retour sur investissement est énorme : une meilleure santé, une productivité accrue, un QI plus élevé, moins de violence et un avenir meilleur pour des millions d’enfants sur la planète. »
Si les taux de plomb dans le sang ont considérablement diminué dans la plupart des pays à revenu élevé depuis l’élimination progressive de l’essence au plomb et de la plupart des peintures à base de plomb, ces taux demeurent importants et souvent dangereusement élevés parmi les enfants des pays à revenu faible ou intermédiaire, même dix ans après l’élimination progressive de l’essence au plomb dans le monde.
Le rapport présente cinq études de cas dans des pays où la pollution au plomb et à d’autres métaux lourds toxiques nuit aux enfants. Il s’agit de Kathgora, au Bangladesh ; de Tbilissi, en Géorgie ; d’Agbogbloshie, au Ghana ; de Pesarean, en Indonésie ; et de l’État de Morelos, au Mexique.
Les auteurs du rapport notent que les gouvernements des pays concernés peuvent remédier à la pollution au plomb et à l’exposition des enfants en adoptant une approche coordonnée et concertée dans les domaines suivants :
• Systèmes de suivi et de comptes rendus, y compris le renforcement des capacités de test du taux de plomb dans le sang ;
• Mesures de prévention et de contrôle, y compris la prévention de l’exposition des enfants à des lieux à haut risque et aux produits contenant du plomb, comme certains objets en céramique, peintures, jouets et épices ;
• Gestion, traitement et assainissement, y compris le renforcement des systèmes de santé pour qu’ils puissent dépister, suivre et traiter l’exposition au plomb parmi les enfants ; et l’apport aux enfants d’interventions éducatives renforcées et de thérapies comportementales et cognitives pour mieux gérer les effets négatifs de l’exposition au plomb ;
• Sensibilisation du public et changement des comportements, y compris la mise en place de campagnes continues d’information du public sur les dangers et les sources de l’exposition au plomb, assorties d’appels directs aux parents, aux écoles, aux responsables communautaires et aux agents de santé ;
• Législation et politiques, y compris l’élaboration, la mise en œuvre et l’application de normes environnementales, sanitaires et sécuritaires relatives à la fabrication et au recyclage des batteries au plomb et des déchets électroniques et l’application aux activités de fonderie de réglementations sur l’environnement et la qualité de l’air ;
• Action mondiale et régionale, y compris la création d’unités de mesure standardisées à l’échelle mondiale pour vérifier les résultats des interventions menées contre la pollution sur la santé publique, l’environnement et les économies locales ; la mise en place d’un registre international de résultats anonymisés des études sur les taux de plomb dans le sang ; et la création de principes et normes internationaux applicables au recyclage et au transport des batteries au plomb usagées.
Télécharger le rapport ici : https://www.unicef.org/reports/toxic-truth-childrens-exposure-to-lead-pollution-2020
Télécharger du contenu multimédia ici : https://weshare.unicef.org/Package/2AM408PN7ILM
À propos de Pure Earth
Réduire la pollution, sauver des vies, protéger la planète
Pure
Earth sauve et améliore des vies, en particulier celles d’enfants des
milieux pauvres, en réduisant la pollution à l’origine de maladies. Nous
identifions les lieux hautement toxiques et enseignons aux communautés
comment améliorer la qualité des sols, de l’eau et de l’air au moyen de
solutions présentant un bon rapport coût-efficacité. Associé à nos
recherches innovantes et nos activités de plaidoyer, ce travail sur le
terrain fait de la lutte contre la pollution une priorité mondiale.
Sur les risques de santé et de sécurité liés aux choix fixés pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris
Monsieur le Président de la République,
L’Association des familles victimes du saturnisme souhaite vous saisir de sa très vive inquiétude suite aux choix annoncés en matière de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris :
Vous nous avez annoncé une restauration qui se ferait « à l’identique ». Ce qui signifie l’usage, notamment, de 460 tonnes de plomb (250 tonnes sur la flèche et 210 tonnes sur la toiture), alors même que ce métal est reconnu, par les professionnels de santé, comme hautement toxique et qu’il constitue un risque très grave pour la santé publique.
Le plomb se liquéfie à 327 °C et peut partiellement être vaporisé, comme cela s’est produit en 2019 durant l’incendie de la cathédrale. Sa dissémination dans l’atmosphère sous forme de microparticules présente un risque sanitaire pour les habitants de Paris ainsi que pour tous ceux qui pourraient y avoir été exposés (habitants des communes proches, visiteurs et touristes, salariés des entreprises parisiennes).
A travers les déclarations aux médias de l’architecte en chef du projet de reconstruction qui a supervisé les travaux présentés devant la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA), on ne trouve nulle évocation des risques de santé liés à l’usage du plomb qu’il recommande. Rien, absolument rien et cette préconisation, approuvée par la CNPA, n’a été accompagnée semble-t-il d’aucun avis sollicité auprès d’une autorité médicale susceptible de vous éclairer dans les choix à arrêter pour la reconstruction de Notre-Dame.
Nous tenons à souligner que l’usage d’autres matériaux que le plomb ne viendrait pas « défigurer » la cathédrale Notre-Dame de Paris qui conserverait sa « ligne » architecturale.
Nous pensions que l’incendie de Notre-Dame pourrait être l’occasion de sensibiliser l’ensemble des décideurs publics sur la nécessité de la mise en œuvre rapide d’une politique résolue et de long terme d’éradication progressive du saturnisme. Le plomb est encore très présent dans notre environnement : anciennes peintures, canalisations d’eau en plomb, sols pollués par d’anciens sites industriels ou par des activités de ferraillage…
Nous faisons le constat, à ce stade, qu’il n’en est rien. Nous tenons à souligner auprès de vous que des doses faibles de plomb peuvent être responsables :
Le plomb est toxique pour la reproduction : il augmente le délai de conception pour les hommes exposés et augmente le risque d’avortement en cas d’exposition pendant la grossesse. C’est un possible cancérogène et on ne mesure pas les conséquences à long terme des intoxications.
Selon une étude américaine, publiée très récemment et menée par des chercheurs de l’université Columbia (Etats-Unis) « La population résidant dans un rayon d’un kilomètre et sous le panache de l’incendie a probablement été très considérablement plus exposée aux retombées de plomb, bien que pendant une courte durée, que ne l’indiquaient les mesures effectuées par les autorités locales ».
Les poussières de plomb émises dans l’atmosphère, comme lors de l’incendie de Notre-Dame, sont bien une source potentielle de contamination, en particulier pour les enfants, même s’il est difficile de quantifier cette exposition, selon un rapport de l’Anses de février 2020.
Le temps nous semble venu de prendre enfin la véritable mesure des risques et des atteintes à la santé publique. Aussi, nous vous saisissons pour que le principe de la mise en place d’une politique de lutte contre le saturnisme structurée et de long terme, dotée de moyens à la hauteur des enjeux, soit arrêtée dans les meilleurs délais et nous vous demandons instamment de saisir une instance médicale incontestable afin de recueillir son avis sur les risques liés à l’usage du plomb, en cas de nouvel incendie, dans la reconstruction de Notre-Dame de Paris.
En effet, nul ne peut exclure malheureusement, dans les décennies ou les siècles à venir, la possibilité d’un nouvel incendie venant anéantir tous les efforts qui vont être entrepris pour reconstruire la cathédrale.
Or, nous tenons à souligner auprès de vous que le plomb est, depuis fort longtemps, techniquement totalement dépassé en matière de résistance à l’incendie ce qui a conduit à son abandon à plusieurs reprises, depuis le XIXème siècle, dans la reconstruction des toitures des cathédrales françaises.
Ainsi en est-il, par exemple, de la cathédrale de Chartres qui dispose d’une toiture en cuivre suite à l’incendie de sa toiture en plomb en 1836, il y a près de 200 ans … Cela n’empêche en rien cette cathédrale, reconstruite selon le principe directeur arrêté par le gouvernement de l’époque visant à « réparer et prévenir », d’être considérée aujourd’hui comme la plus belle de France et de demeurer ce qu’elle a toujours été au même titre que la cathédrale Notre-Dame de Paris : un jalon essentiel de l’histoire de l’art médiéval. Doté de son toit en cuivre, cet édifice à la valeur universelle exceptionnelle, trésor architectural, historique et religieux est la première cathédrale de France à avoir été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979.
Le cuivre a été également adopté pour la reconstruction des toitures des cathédrales de Metz et de Strasbourg, ce qui donne un délai supplémentaire aux pompiers en cas d’incendie. Le plomb, en effet, fond à très basse température, bien plus rapidement que le cuivre.
C’est ce principe, « réparer et prévenir », que nous vous demandons de mettre en œuvre aujourd’hui en arrêtant la décision de renoncer à l’usage du plomb dans la reconstruction de Notre-Dame de Paris pour des raisons de santé publique et de sécurité pour ce monument historique irremplaçable.
Reconstruire la cathédrale avec du plomb constitue une menace qui fait peser un risque trop grave pour être ignoré. La Charte de Venise, sur laquelle s’appuie la CNPA, est issue d’un congrès international d’architectes et non d’une négociation internationale inter-étatique. C’est un texte de référence, certes, mais sans valeur contraignante pour les Etats qui n’ont pas été appelés à le ratifier. Ajoutons que cette charte n’a pas prévu, en préconisant une restauration des monuments historiques dans « le dernier état connu », le cas de l’usage des matériaux toxiques et dangereux et présentant, au surplus, un risque en matière d’incendie.
Comme nous l’a rappelé la crise sanitaire liée au coronavirus, il convient, en matière de santé publique mais également de sécurité, de respecter scrupuleusement les principes de prévention et de précaution. C’est en faisant respecter ces principes, nous en sommes convaincus, Monsieur le Président de la République, que vous marquerez durablement de votre empreinte la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, symbole de la France et de la Ville de Paris aux yeux du monde entier.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.
L’Association des familles victimes du saturnisme
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