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AFVS Info numéro 18 est paru

Vous trouverez ci-dessous le dernier exemplaire d’AFVS Info, dont voici l’éditorial.

Mathé Toullier, nouvelle présidente de l’AFVS

Créée en 1998, l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS) compte parmi ses membres fondateurs un solide pilier : Patrick Mony. Défenseur des familles, de leur droit à la santé et à un logement digne, il a contribué à faire progresser la législation relative à la lutte contre l’intoxication au plomb. C’est depuis plusieurs années qu’il souhaitait quitter la présidence de l’AFVS qu’il assurait depuis 2007, ayant succédé dans cette fonction à Madi Denantes, Elisabeth Chatenet et Claudia Charles, membres du comité de vigilance de l’association.
Le Conseil d’administration a accepté sa démission le 7 novembre dernier, le nommant ipso facto président d’honneur. Patrick Mony reste actif au sein de l’équipe et engagé auprès des familles et des partenaires.
Le bureau de l’AFVS est désormais constitué ainsi : Mathé Toullier, présidente ; Jean-Marie Boillat, trésorier ; Mohammed Ghadi, secrétaire ; Myrna Giovanella, secrétaire adjointe.
 
 

AFVS Info numéro 17 vient de paraître

Le dernier numéro d’AFVS Infos, daté de septembre-octobre 2018, est paru. Ci-dessous, son éditorial :

Éditorial

La peinture au plomb encore présente en France ?

Alors que l’intoxication au plomb est évitable, selon les estimations de l’Institute for Health metrics and evaluation (un centre de recherche sur la santé au niveau mondial de Université de Washington) de 2016, elle était responsable de 540 000 décès, les pays à revenu faible ou intermédiaire étant les plus touchés. Le rôle de l’exposition au plomb dans le développement de la déficience intellectuelle chez l’enfant est particulièrement préoccupant. Bien que ce problème soit largement reconnu et que de nombreux pays aient pris de mesures pour y remédier, l’exposition au plomb demeure une source de préoccupation majeure pour le personnel soignant et les responsables de la santé publique. Les peintures contenant un taux élevé de plomb sont une source importante d’intoxication à la maison, notamment chez les enfants. Elles sont très répandues, et de nombreux pays continuent de les utiliser.
Lors du sommet mondial pour le développement durable en 2002, les gouvernements ont appelé à l’élimination des peintures à base de plomb. L’Alliance mondiale pour l’élimination des peintures au plomb a été créée en 2011 dans le but de promouvoir un arrêt progressif de la fabrication et de la commercialisation de ce type de peintures afin d’éliminer les risques. Pour y parvenir, il est indispensable d’instituer un cadre réglementaire au niveau de chaque pays afin de mettre un terme à la fabrication, l’importation, l’exportation, la distribution, la vente et l’utilisation de peintures au plomb.

Dans son plan d’activités, l’Alliance mondiale fixe pour tous les pays une cible consistant à mettre en place, d’ici 2020, un tel cadre réglementaire. Selon une enquête réalisée par l’Organisation mondiale de la santé et le Programme des Nations unies pour l’environnement, au 30 juin 2018, seuls 69 pays avaient confirmé l’adoption de mesures juridiquement contraignantes visant à encadrer l’utilisation des peintures au plomb. Force est de constater que davantage d’efforts s’imposent dans ce domaine, et la semaine d’action internationale pour la prévention de l’intoxication au plomb qui s’est déroulée du 21 au 27 octobre 2018 a été l’occasion de mobiliser l’engagement politique et social pour progresser.
Dès que la peinture a été appliquée dans l’habitation, elle devient une source potentielle d’exposition au plomb, en particulier lorsqu’elle commence à vieillir et à s’écailler. En France, 74 % des cas concernant des enfants qui présentent une plombémie supérieure à 50 μg/L (seuil qui signe un cas de saturnisme chez cette population, maladie à déclaration obligatoire) restent liés à des logements de mauvaise qualité où il y a de la peinture au plomb.

Nous avons récemment reçu à l’AFVS une famille de province dont un enfant était gravement intoxi-qué au plomb. Cette famille habite un logement social construit bien après 1949, date officielle d’inter- diction à usage professionnel de la peinture au plomb, le 1er janvier 1949 étant la date de construction avant laquelle le constat de risque d’exposition au plomb (CREP) est obligatoire pour toute transaction immobilière.

Ce cas nous a conduit à vérifier l’interdiction de la peinture au plomb en France. Selon les composants, elle peut être interdite à l’utilisation ou à la vente : la céruse (blanc de plomb) est interdite à l’utilisation pour les professionnels depuis le 1er janvier 1949 et interdite de mise sur le marché depuis 1993. Enfin, le fait que le minium (tétraoxyde de plomb) soit présent dans le logement de la famille que nous avons reçue laisse penser que les peintures antirouille contenant ce produit ont continué long- temps d’être utilisées, avec ou sans autorisation… Et qu’elles sont peut-être encore fabriquées ? De fait, depuis 1990 la présence de plomb doit être mentionnée sur l’étiquette et ce produit rentre dans le cadre de la réglementation européenne sur le CMR (cancérigène, mutagène et reprotoxique).

Il est donc urgent de se mobiliser pour une interdiction totale de ce type de peinture, quels que soient ses composants. Il est nécessaire aussi que les CREP soient obligatoires pour toute transaction immobilière, y compris lorsque cela concerne un logement social.

Pour aller plus loin voir :

  • le site de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), Santé et sécurité au travail, www.inrs.fr
  • le petit livre de Jamie Lincoln Kitman, L’histoire secrète du plomb, paru en août 2005 aux éditions Allia, dans lequel l’auteur, à travers une grande enquête, retrace l’histoire vraie de l’essence plombée, une entreprise commerciale triste et sordide, qui rejoindrait tranquillement les oubliettes de l’histoire si on laissait les capitaines de l’industrie en faire à leur guise.

Télécharger ici  AFVS Infos n°17

 

Premier rapport de l’Ofii sur les personnes malades étrangères : une chute catastrophique de la protection

23 novembre 2018

L’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) vient de publier son premier rapport rendu au Parlement sur le droit au séjour pour raisons médicales[1] pour l’année 2017. Il révèle un bilan dramatique pour la protection des malades étrangers-ères.

Jusqu’en 2016, l’évaluation médicale des demandes relevait des Agences régionales de santé (ARS), rattachées au ministère de la Santé. Or, la loi du 7 mars 2016 a opéré un changement radical d’approche, en transférant cette compétence aux médecins du pôle santé de l’Ofii, sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Ce transfert avait fait craindre à l’ODSE et aux acteurs-rices de la santé des étrangers-ères que les logiques de maîtrise des flux migratoires ne l’emportent sur des considérations de santé individuelle et de santé publique. Ces inquiétudes s’étaient renforcées depuis l’entrée en vigueur de cette réforme, les constats de terrain mettant en évidence la multiplication des refus de protection.

Le rapport de l’Ofii, nous montre que la situation est encore plus grave que nous l’imaginions.

Des pratiques médicales beaucoup plus restrictives sous l’égide du ministère de l’Intérieur

Le rapport annonce que le taux d’avis favorables à la nécessaire continuité des soins en France, toutes pathologies confondues, est passé de 77 % en 2014[2] à 52 % en 2017. Derrière ces chiffres, ce sont des centaines de personnes atteintes de troubles psychiques et de maladies graves dont la protection juridique est supprimée et la continuité des soins menacée. Les personnes séropositives ne sont pas épargnées : le rapport de l’Ofii fait état d’un taux d’avis défavorable de près de 6 % pour les personnes vivant avec le VIH, ce qui représente une hausse sans précédent.

S’agissant de la protection contre l’éloignement du territoire, seules 19 % des demandes sont acceptées en rétention administrative. Une situation alarmante, alors que les pathologies et critères médicaux sont théoriquement les mêmes que pour les demandes faites en préfecture.

La rupture constatée avec les pratiques antérieures des médecins de l’ARS apparaît ainsi comme une conséquence directe du changement de tutelle ministérielle, celle du ministère de l’Intérieur produisant des effets très restrictifs sur le sens des décisions des médecins du pôle santé de l’Ofii en charge de l’évaluation.

Une suspicion disproportionnée à l’encontre des malades et des médecins

Des moyens considérables ont été mobilisés au service de la « lutte contre la fraude » : près d’une personne sur deux a été convoquée pour une visite de contrôle médical, une pratique inédite. Or, seulement 115 cas de fraude avérée ont été dénombrés, soit 0,41% du nombre de demandes. L’ampleur de ces contrôles a des conséquences disproportionnées sur l’allongement des délais d’instruction, jusqu’à plus de 8 mois selon nos observations de terrain. En outre, elle traduit une défiance inédite à l’égard des médecins qui accompagnent les personnes dans le dépôt de leur demande.

 

Face à cette évolution dramatique, et afin d’aider les médecins en charge de cette responsabilité complexe, il est urgent de rendre la coordination, le suivi et l’évaluation médicale aux services du ministère de la Santé.

Nous, associations de personnes malades, de médecins et de défense des droits des étrangers-ères, appelons l’ensemble des acteurs-rices impliqués-es dans la procédure :

  • à garantir la continuité des soins des malades ;
  • à faire prévaloir leurs obligations de protection de la santé dans le respect des impératifs de santé publique, et, pour les médecins concernés, de leurs obligations déontologiques.

Contacts Presse 

Benjamin Demagny – benjamin.Demagny@comede.org – 06 51 52 57 45

Jérôme Host – jerome.host@casedesante.org – 05 61 23 62 36

Liste des signataires

AIDES
AFVS

ARCAT

CATRED

Centre Primo Levi

Comede

Comegas

 

Droits d’urgence

FTCR

Gisti

La Case de Santé

La Cimade

Ligue des droits de l’Homme

Médecins du Monde

 

Médecins sans Frontières

Migrations Santé Alsace

ODSE

Réseau Louis Guilloux

Solidarité Sida

SOS Hépatites

[1] Depuis vingt ans, la loi française interdit d’expulser et prévoit de régulariser toute personne étrangère gravement malade résidant en France qui ne pourrait se soigner dans son pays d’origine.

[2] Derniers chiffres officiels publiés : Direction générale des étrangers en France, Direction générale de la Santé, Avis rendus par les médecins des agences régionales de santé sur les demandes de titres de séjour pour raisons de santé. Bilan de l’année 2014, 16 novembre 2016

Nous avons besoin de votre soutien !

Chère amie, cher ami,

Comme chaque année nous faisons appel à votre soutien financier.

En 2018, la suppression d’un demi-poste salarié nous a permis d’aller au bout de l’exercice, mais les difficultés financières persistent, alors que nos activités augmentent. Le conseil d’administration a engagé une réflexion sur l’avenir de l’association, sa stratégie et ses moyens de financement. Nous vous ferons part bien sûr du résultat de ce travail.

Par ailleurs, Patrick Mony qui a souhaité cesser ses fonctions en tant que président de l’association a été remplacé par Mathé Toullier, militante de longue date à l’AFVS. Patrick Mony devient président honoraire, et continuera à nous faire bénéficier de sa compétence et de ses conseils.

Votre soutien nous est indispensable et il peut se traduire par:

  • un soutien financier ;
  • un soutien sous forme de bénévolat ;
  • un soutien en nous communiquant des contacts au niveau national qui seraient intéressés à travailler avec nous.

Nous comptons sur vous et vous remercions de votre fidélité.

Bien cordialement.

Paris, le 08 novembre 2018

 

Mathé TOULLIER                                                                                                       Jean Marie BOILLAT

Présidente                                                                                                                         Trésorier

 

Pour nous aider, vous pouvez télécharger le petit formulaire ci-dessous en cliquant ici

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Association des Familles Victimes du Saturnisme

Nom :                                                                                                                              Date :

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Vous pouvez également effectuer votre don en ligne en cliquant sur la case ci-dessous

 

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Semaine d’action internationale pour la prévention de l’intoxication au plomb

Semaine d’action du 21 au 27 octobre 2018

La Semaine d’action internationale pour la prévention de l’intoxication au plomb est une campagne d’information qui a lieu chaque année, sous le patronage de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui vise à :

  • accroître la sensibilisation au problème de l’intoxication au plomb ;
  • mettre en avant les efforts déployés par les pays et les partenaires pour prévenir l’intoxication au plomb chez l’enfant ;
  • demander instamment que de nouvelles mesures soient prises pour éliminer les peintures au plomb.

La semaine d’action est une initiative de l’Alliance mondiale pour l’élimination des peintures au plomb.

L’accent est mis cette année sur l’interdiction des peintures au plomb.

Conférence de presse le 23 octobre 2018 à 11:00 au siège de l’AFVS 20, villa Compoint – 75017 Paris

En présence de Maître François Lafforgue, avocat ayant travaillé avec Henri Pézerat sur le scandale de l’amiante.

À cette occasion, l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS) tient à rappeler que depuis le 12 août 2008, pour les contrats de location d’un immeuble affecté en tout ou partie à l’habitation construit avant le 1er janvier 1949, le propriétaire est tenu de produire un Constat de risque d’exposition au plomb (CREP) à la signature du bail et d’effectuer les travaux nécessaires en cas de présence de revêtements dégradés contenant du plomb.

• Parce que la loi n’est pas appliquée : en 2018, soit 10 ans après, très peu de locataires ont reçu un CREP en annexe de leur bail de d’habitation. En effet, le 31 juillet 2018, l’AFVS a sélectionné les 40 derniers dossiers ouverts où la remise de CREP était obligatoire (contrat de location signé après le 12 août 2008 et concernant un logement construit avant 1949). Cinq locataires ont reçu avec certitude un CREP lors de la signature du contrat de location, 14 ne se souviennent pas de l’avoir reçu et 21 ne l’ont pas reçu.

• Parce que nous avons trouvé du plomb dans des logements construits après 1949, qui plus est dans des bâtiments à usage social à Stains (construit en 1968) et à Besançon (construit en 1995), ce qui veut dire qu’il y a encore de la peinture au plomb en circulation et qu’elle est utilisée bien au-delà de 1949.

• Parce que la législation applicable au Constat de risque d’exposition au plomb est complexe, car elle établit une discrimination entre types de logements et de locataires.

Nous demandons l’extension du CREP à toutes les transactions immobilières, et à tous les lieux d’accueil du public.

Nous demandons aux bailleurs privés et sociaux de prendre leur responsabilité et aux organismes de gestion immobilière de remplir leur obligation de conseils.

Contact : afvs@afvs.net

 

 

Chasse : les munitions au plomb menacent l’environnement et la santé

L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA, European chimicals agency) a rendu publique, le 12 septembre 2018, une expertise sur la contamination des écosystèmes par le plomb des munitions utilisées par les chasseurs et par les tireurs. Son principal constat est que les munitions de plomb provoquent une contamination à vaste échelle des écosystèmes et entraînent  des risques pour l’environnement et pour la santé humaine.

Cette pollution est de taille : chaque année, 30 000 à 40 000 tonnes de plomb sont utilisées en Europe dans divers types de munitions. 21 000 tonnes sont utilisées par les chasseurs, dont un maximum de 7 000 tonnes dans les zones humides (donc avec des effets d’intoxication de l’eau) et de 14 000 tonnes sur la terre ferme. Les tireurs sportifs, eux, en utilisent 10 000 à 20 000 tonnes par an.

L’environnement est touché. Les premiers effets concernent la faune sauvage. Entre un et deux millions d’oiseaux meurent chaque année d’intoxication au plomb soit en ingérant des grenailles de plomb soit, comme le font les rapaces, en mangeant des animaux déjà intoxiqués.

La santé humaine est mise en péril. Le plomb est un des neurotoxiques les plus puissants dont les effets ne connaissent pas de seuil (voir ici la page de ce site consacrée à la toxicité du plomb sur l’organisme). Pour l’ECHA, « le plomb est un poison non spécifique qui affecte la plupart des fonctions de l’organisme, avec des effets négatifs sur l’état de santé général, la reproduction ou encore le comportement, pouvant conduire à la mort. Le plomb affecte tous les animaux sur lesquels il a été étudié, des oiseaux migrateurs aux humains. Il diffère de bien des contaminants en ce sens qu’il n’existe aucun seuil de toxicité pour de nombreux effets, en particulier sur le développement du cerveau ou sur le rein ». La ressource en eau est évidemment concernée par l’accumulation de plomb dans l’environnement. La consommation de gibier abattu peut également poser des problèmes, même si l’on retire la grenaille du corps de l’animal. En effet, écrit l’ECHA, « de récentes recherches suggèrent que des fragments de plomb se dispersent largement dans les tissus, sous forme de particules microscopiques, potentiellement de taille nanométriqueEnlever la chair autour de la blessure ne suffit pas à ôter tout le plomb qui pourrait être absorbé par le consommateur ».

Pourtant, des alternatives existent : les munitions en acier. L’ECHA précise que le surcoût serait faible, mais note que les réglementations dans les différents pays européens font défaut.

La France est particulièrement concernée : environ un quart des quelque 5,2 millions de chasseurs européens sont français.

Le rapport de l’ECHA (en anglais), peut se consulter ici.

 

AFVS Info numéro 16 vient de paraître

Le dernier numéro d’AFVS Infos, daté de juillet 2018, est paru. Ci-dessous, son éditorial :

Éditorial

Les effets du plomb sur la santé aux États-Unis. Et en France ?

Une étude parue en mars 2018 dans une revue scientifique américaine, fondée sur un suivi de plus de 14 000 personnes de 1988 à 2011 constituant un échantillon représentatif de la population adulte américaine, réévalue à la hausse les effets de l’exposition au plomb sur la santé. En effet, ce métal serait responsable d’une part plus que prévue de la mortalité aux États-Unis, les chercheurs avançant le chiffre de 412 000 morts chaque année.
Or, on peut se demander si les conclusions de cette étude méthodologiquement bien construite concernent également la France, puisque dans les deux pays la population a été confrontée à des sources d’exposition comparables, essentiellement par l’air contaminé par le plomb contenu dans l’essence des voitures.
Cette étude amène à réévaluer à la hausse les maladies dont le plomb est la cause dans le fardeau global de maladies à l’échelle mondiale, le véritable enjeu étant la généralisation des interdictions d’usage du plomb à travers la planète. Elle doit aussi amener à revoir les stratégies de prévention pour s’intéresser davantage aux personnes exposées à des faibles doses.
L’étude souligne également la légitimité de l’initiative prise en France par le Haut Conseil de santé publique, qui a fixé dès 2014 un objectif plus ambitieux pour limiter l’exposition au plomb et qui a mis à jour en novembre 2017 le guide de dépistage et de prise en charge des expositions au plomb à l’origine du saturnisme chez l’enfant mineur et la femme enceinte.
Par ailleurs, dans le cadre du programme Recherche Plomb-Habitat, une étude menée en France a mis en évidence le rôle des poussières contenant du plomb dans le logement et de l’eau du robinet sur les plombémies mesurées chez l’enfant.
Outre ces sources environnementales, on trouve l’exposition par les aliments liée à la présence naturelle du plomb dans les sols. Toutefois, l’exposition alimentaire est mineure comparée à l’exposition environnementale, et ce que ce soit en France ou aux États-Unis.
Dans l’étude américaine, les sujets âgés de 20 ans et plus ont été enrôlés de 1988 à 1994. Il s’agit donc des personnes qui ont 50 ans et plus aujourd’hui. Leurs plombémies étaient plus importantes que celles constatées dans les générations suivantes, parce que dans leur enfance elles ont respiré un air beaucoup plus concentré en plomb, l’essence au plomb ayant été interdite aux États-Unis en 1975. En France, la teneur autorisée en plomb dans l’essence a diminué à partir des années 1990, jusqu’à son interdiction en 2000. Pour autant, les plombémies observées chez les personnes nées après cette interdiction ne sont pas tombées à zéro, car il existe d’autres sources d’exposition.
Bien que les plombémies observées en France soient proches de celles pratiquées aux États-Unis, force est de constater que chaque pays a ses propres facteurs de risque en ce qui concerne les maladies cardio-vasculaires, en dehors de celui de l’exposition au plomb. S’il est difficile d’avancer un chiffre précis, les ordres de grandeur restent les mêmes, tout comme les implications sur la santé.
De 2005 à 2015 les décès causés par une maladie cardio-vasculaire ont augmenté de 12,5 % au niveau mondial, mais jusqu’à présent on a prêté peu d’attention au rôle du plomb dans cette augmentation, et ce bien que les recherches aient montré que la toxicité du plomb se révèle à des niveaux très bas, la relation entre le plomb et la maladie augmentant avec une faible exposition.
Dans le futur, l’un des leviers importants de prévention serait de diminuer la concentration maximale admissible de plomb dans l’eau du robinet, ce qui aura un impact bénéfique sur la santé publique, comme l’a montré d’ailleurs le groupe de travail réuni par la Commission européenne en 2011.
En définitive, au-delà des mesures spécifiques visant les personnes atteintes de saturnisme, la protection de l’ensemble de la population repose sur des décisions prises à l’échelle du pays, parmi lesquelles l’interdiction du plomb dans l’essence, dans les peintures et dans les canalisations d’eau potable, sans oublier la réglementation concernant les constats de présence de plomb dans les logements lors d’une transaction immobilière.

Au sommaire

Les dossiers

  • Proposer des vacances pour mieux expulser
  • Travaux palliatifs en site occupé

Veille juridique

  • Le projet de loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN)
  • Tribunal administratif de Paris : jugement rendu le 13 avril 2018

Partenaire

  • Journée d’échanges sur le droit au séjour des étrangers malades
  • Les Rencontres de Santé publique France (29-31 mai 2018)

Agenda et annonces

  • Lutte contre le plomb à l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement
  • Collectif des associations unies
  • Permanence de l’AFVS à Saint-Denis
  • Réunion des familles
  • Assemblée générale de l’AFVS
  • Stagiaires
  • Bénévoles

AFVS Infos n°16 – juillet 2018 Telecherger

 
 

Pour le Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées, la loi ELAN remet en cause les piliers du droit au logement

Le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées (HCLPD) est une institution gouvernementale créée en 1992. Dans un communiqué du 7 septembre 2018, il s’inquiète vivement du projet de loi ELAN et considère qu’il « remet en cause plusieurs des fondamentaux qui constituent l’ossature du droit au logement en France et les leviers de sa mise en œuvre ».

Sa critique porte sur plusieurs points fondamentaux.

  1. Alors que le parc social est « un bien de la nation », financé par l’épargne populaire, encourager la vente des logement sociaux au privé « relève de la grande braderie et ne peut remplacer un financement public pérenne des bailleurs sociaux. L’argumentation consistant à avancer qu’un logement vendu permettra la construction de trois autres n’est pas crédible. Comment imaginer la reconstruction de l’offre accessible à tous dans les secteurs les plus attractifs, où la demande est forte et les terrains constructibles peu accessibles aux bailleurs sociaux ? »
  2. Les objectifs de répartition de logements sociaux sont indispensables à l’équilibre des territoires. « La loi  Solidarité et  renouvellement urbain, qui porte l’objectif de  réalisation de 25 % de logements sociaux dans toutes les agglomérations, est un pilier de la mise en œuvre de la mixité sociale et du droit au logement. Considérer que les logements sociaux vendus au privé resteront comptabilisés au sein du parc social pendant une durée de 10 ans est une atteinte à l’équilibre de nos territoires. C’est injuste pour les nombreuses communes qui ont respecté la loi que de donner ainsi un satisfecit à ces maires hors-la-loi qui pendant des années ont refusé d’accueillir du logement social ».
  3. Le  logement adapté est un marqueur d’une société inclusive. « Le passage d’un objectif de 100 % de logements adaptés aux personnes en situation de handicap à 90 % de logements « adaptables » et seulement 10 % de logements réellement adaptés constitue une « fausse bonne idée ». Le concept de logement « adaptable », même s’il peut séduire tous ceux qui réclament plus de souplesse normative, ne correspond à aucune réalité de construction ».
  4. Le Haut Comité s’oppose enfin à la pénalisation des personnes occupantes illégalement un bâtiment vacant.

Marie-Arlette Carlotti, présidente du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, souligne : «Au fil des années, par les lois de 1990, 1998 ou 2007, 2009 et 2014, la France a poursuivi une politique du logement de progrès à laquelle les différentes majorités politiques ont contribué. Cette politique a parfois fait l’objet de légers reculs, mais jamais l’impression de retour en arrière et de remise en cause profonde n’a été aussi forte. Ce projet de loi doit être corrigé afin d’éviter la promulgation d’une loi qui remettrait en cause d’une manière aussi fondamentale les piliers de la mise en œuvre du droit au logement ».

Voir le communiqué sur le site du Haut Comité ici

Demande de logement social : un nouveau formulaire

Le ministère de la Cohésion des territoires a adopté, le 6 août 2018, un arrêté relatif au nouveau formulaire de demande de logement locatif social et aux pièces justificatives à fournir pour l’instruction de cette demande prévue par le Code de la construction et de l’habitation.
S’inscrivant dans le cadre de la rénovation de la demande de logement social, le nouveau formulaire est entré en vigueur à compter du 10 septembre de l’année en cours, mais l’ancien formulaire pourra encore être employé une année supplémentaire. C’est à compter du 10 septembre 2019 que ce dernier ne pourra définitivement plus être utilisé.
En annexe, l’arrêté précise également sur trois pages la liste des pièces justificatives à fournir pour instruire la demande de logement social. Elles se divisent en deux parties : les pièces obligatoires qui doivent être produites par le demandeur et les autres personnes majeures appelées à vivre dans le logement (pièces d’identité, avis d’imposition, situation maritale…) et les pièces complémentaires susceptibles d’être réclamées par l’instructeur du dossier (documents concernant la situation familiale ou professionnelle, baux, attestations diverses…).

L’arrêté du 6 août 2018

Le formulaire

Notice explicative

Incendie d’Aubervilliers : il faut reloger les sinistrés

Droit au logement, association partenaire de l’AFVS, a publié le communiqué suivant à la suite de l’incendie survenu le dimanche 19 août 2018.

 

À nouveau un incendie frappe cruellement des mal-logés qui, face à la cherté et à la crise du logement, n’ont pas eu d’autre choix que de s’entasser dans un local commercial impropre à l’habitation pour lequel un arrêté aurait dû être pris. Le DAL fait part de sa tristesse et de sa colère

A l’heure où le secrétaire d’Etat au logement doit rencontrer la maire de la commune, nous rappelons qu’il leur appartient de reloger décemment les sinistrés et, en attendant, de les héberger.

Le DAL, saisi quotidiennement par des mal-logés surexploités, voire terrorisés par des marchands de sommeil, et face à ce drame qui a encore frappé des enfants, rappelle :

  •  Que les mal-logés, aux revenus modestes et précaires, sont confrontés à la crise du logement et la cherté des loyers et sont de ce fait otages des marchands de sommeil.
  • Que les marchands de sommeil sont issus de tous les milieux sociaux, de toutes nationalités, et que l’on en trouve aussi bien dans le 16e ou à Neuilly qu’à Aubervilliers ou en zone rurale. Ils ont en commun la cupidité et le mépris de l’être humain.
  • Qu’il est de la responsabilité de l’Etat d’appliquer la loi de 2000, en prenant des arrêtés d’insalubrité de telle sorte à faire suspendre le paiement du loyer et faire reloger les habitants.

C’est aussi à l’Etat, la police et la justice de donner suite aux plaintes des victimes lorsque le logeur les expulse illégalement, les menace ou les brutalise par mesure de représailles car elles ont eu le courage de dénoncer leur situation auprès du service de l’hygiène.

C’est au service communal ou intercommunal de l’hygiène de transmettre les rapports aux services de l’Etat chargés de l’insalubrité. Les dossiers restent dans les tiroirs ou se concluent par une simple amende, car personne ne veut prendre la charge de reloger les habitants concernés.

Dans le cas d’Aubervilliers et des autres commune du 93 qui accueillent les personnes chassées par la spéculation et l’urbanisme gentrificateur des communes riches, il faudrait conduire des RHI (opération de résorption de l’habitat insalubre), qui organisent l’expropriation, le relogement des habitants et la réalisation de logements sociaux ou d’édifices publics en lieu et place des taudis.

Le projet de loi ELAN ne contient pas de mesures efficaces pour protéger les victimes des marchands de sommeil et les reloger ; au contraire l’article 58 ter prévoit la pénalisation des occupants sans titre (squatteurs, occupants par nécessité, victimes de marchands de sommeil).

Nous disons donc au gouvernement et au préfet du 93 : Assez d’hypocrisie, passez à l’action !

– Relogement des sinistrés !

– Application et respect des droits des victimes des marchands de sommeil, c’est le rôle du ministère du Logement et du ministre de l’Intérieur qui se sont « émus » du sinistre.

– Mobilisation par l’Etat de moyens humains et financiers pour instruire les dossiers d’insalubrité, les plaintes des victimes et les reloger, au lieu de sabrer dans le budget des HLM et les APL.

– Renforcement de la législation pour protéger les victimes des marchands de sommeil. A cet effet, le DAL a fait des propositions dans le cadre de la loi ELAN