Le saturnisme chez les adultes correspond à une intoxication par le plomb à hauteur de 300µg/L pour les hommes et 200µg/L pour les femmes. Cette intoxication peut entrainer une détérioration intellectuelle, des troubles de l’humeur et de la personnalité. Cliniquement, on parlera d’asthénie, fatigabilité, irritabilité, hyperémotivité, de troubles du sommeil, de difficultés mnésique de concentration, d’une diminution de la libido, de plaintes somatiques vagues, et d’altération de la dextérité et de la coordination.
Le saturnisme adulte peut être dû à la présence de plomb dans l’environnement quotidien d’une personne, au travail, ou encore résultant du relargage du plomb dans le sang à l’âge adulte.
En construction
La toxicité du plomb métallique et de ses composés, par inhalation de fumées et de poussières, ingestion de particules, expose les travailleurs à des maladies professionnelles à long terme (saturnisme), par effets cumulatifs : troubles du système nerveux, anémie, insuffisance rénale, altération de la fertilité, effets très néfastes sur les fœtus, et risques cancérogènes possibles ou suspectés pour certaines de ces molécules.
Or, le plomb est un métal rencontré ou utilisé dans de nombreuses applications (démolition et rénovation des bâtiments, métallurgie, batteries, peintures, verres, encres…), ce qui nécessite à la fois des mesures strictes d’hygiène, de prévention collective et individuelle, et une surveillance médicale particulière des travailleurs exposés, dans le cadre d’une réglementation exigeante, en particulier respect des valeurs limites d’exposition et changement de poste des femmes enceintes exposées au plomb.
En milieu professionnel, l’absorption est surtout respiratoire, mais également digestive, par ingestion de particules souillant les aliments et par défaut d’hygiène des mains et du visage. Le danger existe donc avant tout lors du dégagement de fumées formées de particules d’oxyde de plomb ou de poussières contenant du plomb.
Les intoxications aiguës sont très peu fréquentes en milieu professionnel et les risques sont ceux d’une intoxication chroniques car la toxicité du plomb est de type cumulatif par fixation sur les globules rouges avant stockage dans l’organisme: dans le foie, les reins, le cerveau et surtout dans les os avec une élimination urinaire très lente, de plusieurs mois pour les tissus mous à plusieurs années pour les tissus osseux. L’intoxication au plomb, ou saturnisme, est l’une des plus vieilles maladies professionnelles connues (avec les cancers des suies de ramonage), répertoriée dans le tableau n°1 du Régime Général de la Sécurité sociale (Affections dues au plomb et à ses composés) et le Tableau n°18 du Régime Agricole (Maladies causées par le plomb et ses composés).
Les manifestations cliniques graves (coliques au plomb, paralysie des nerfs moteurs par névrite périphérique,…) ne s’observent plus dans les conditions de travail actuelles des pays développés. Les effets du plomb sont ainsi devenus plus ténus, mais des pathologies dues à de plus faibles concentrations subsistent : la toxicité sanguine provoque des anémies, la toxicité neurologique provoque des neurasthénies, des anorexies et des troubles de la mémoire et de la concentration intellectuelle, la toxicité rénale des insuffisances d’élimination chroniques.
Le traitement du saturnisme consiste d’abord à supprimer l’exposition au plomb et attendre l’élimination naturelle de trois à six mois dans les cas légers, ou entreprendre une élimination forcée du plomb dans les cas plus sévères en recourant à des médicaments chélateurs qui fixent les ions de plomb en formant un composé non toxique évacué rapidement par les reins dans les urines, mais qui peuvent être mal tolérés.
Enfin, il existe une forte sensibilité aux effets toxiques du plomb chez le fœtus, entrainant pour la femme enceinte exposée au plomb, des risques d’avortement, de fausse couche ou prématurité et retard du développement psychomoteur et mental de l’enfant. Chez l’homme, les expositions au plomb sont susceptibles d’altérer la fertilité.
Une exposition au plomb continuelle peut entraîner des conséquences graves pour la santé. Les mesures de prévention à mettre en place ont pour objectif de réduire l’exposition au plomb des travailleurs au niveau le plus bas. Selon l’enquête SUMER de 2010, plus de 110 000 salariés seraient exposés au plomb en France.
Les principaux secteurs d’activité exposés au plomb sont le bâtiment, l’industrie et l’artisanat.
Dans le bâtiment, ce sont l’intervention sur des peintures et des canalisations dans des bâtiment anciens, la découpe ou le sablage de structures métalliques recouvertes de peintures anticorrosion ainsi que les travaux de couverture comprenant des soudures au plomb, ou encore l’utilisation de feuilles de plomb qui font courir le plus de risques.
Dans l’industrie, les salariés les plus exposés sont ceux qui participent à la fabrication et au recyclage de batteries, de céramiques, de peintures, de verres spéciaux et de cristal, ceux qui travaillent dans la métallurgie (en particulier les fonderies d’alliage de cuivre), le recyclage de produits électroniques, la plasturgie, la réparation de radiateurs d’engins et de poids lourds.
Dans ce secteur, les activités où les artisans sont les plus exposés au risque de l’intoxication au plomb sont la fabrication et la réfection de vitraux, la poterie, la fonderie d’art et la joaillerie.
N’oublions pas que les stands de tir sont également des lieux d’exposition au plomb.
Voir notre brochure à ce sujet