Voici un extrait d’un signalement adressé, en novembre 2016, au Défenseur des enfants (Défenseur des droits). Il reprend les propos d’enfants d’une famille résidant dans la banlieue nord de Paris. Les prénoms ont été modifiés.
Nous, Bahia, 11 ans, Naima, 3 ans et Jasmine, 14 mois, vivons avec nos deux parents dans un appartement de 45 m² très insalubre.Nous avons été intoxiqués au plomb dans ce logement avec des taux allant jusqu’à 204 microgrammes de plombémie par litre de sang pour Naima (la valeur de référence étant de 50 microgrammes).
Nos parents, à qui « il incomberait au premier chef la responsabilité d’assurer, dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers, les conditions de vie nécessaires à notre développement », recherchent un logement adapté depuis plusieurs années. Mais notre papa, en invalidité suite à un accident de travail, ne présente pas une situation financière rassurante pour les bailleurs privés, de fait, nous n’avons pas pu quitter ce logement.
Tous nos espoirs sont tournés vers le parc social. Mais nous attendons depuis 6 ans une proposition, en vain. Il paraît que la convention relative aux droits des enfants indique en son article 27 que « les États parties reconnaissent le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social ».
Nous n’avons jamais fêté d’anniversaire à la maison avec nos copains et copines, nous ne les y invitons pas, parce que nous avons honte de notre logement. C’est dangereux chez nous ; ça rend malade !
Selon Le Parisien, la justice vient de condamner la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (SETE) le 11 octobre 2016 à 18.750 euros d’amende pour « délit d’entrave » pour avoir caché un rapport révélant la présence de plomb à des concentrations trop élevées durant des travaux en 2012.
Démarrés en mars 2012, ces travaux visaient à redonner un coup de jeune au 1er étage de la tour. Un mois après le lancement du chantier, des experts indépendants rendent un rapport révélant des concentrations inquiétantes de ce métal. Pourtant, la direction garde ce document secret, laissant les ouvriers poursuivre leur tâche. Une inspection de la Caisse d’assurance maladie en juillet fait le même constat, obligeant la tour à suspendre la rénovation et à procéder à une dépollution des parties concernées. Une analyse plus poussée révélera des taux de plomb jusqu’à 21 fois supérieurs aux normes.
L’arrêt du chantier permet au CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) de découvrir le pot aux roses.
Voir l’article du Parisien ici.